1 Le coût des comportements non ethiques n’a jamais été aussi élevé. Les accroches du type « La banque paie une amende record », « Entente conclue pour 2,6 milliards de dollars » ou « Caution d’un milliard d’euros imposée » continuent à faire les gros titres de la presse financière. Les entreprises font face à une réalité de plus en plus complexe pour atteindre leurs objectifs de croissance. Les nombreux enjeux qu’elles rencontrent incluent notamment la volatilité des marchés, l’instabilité monétaire et géopolitique, résultant notamment des chocs pétroliers et des sanctions économiques. L’obligation de résultat en matière de croissance accroît la pression qui s’exerce sur elles. Dans ces circonstances, les pratiques non éthiques au service de la croissance représentent-elles la solution de facilité ? Les résultats de l’enquête, qui regroupe les réponses de 3 800 participants dans 38 pays, montrent que le risque de comportements non éthiques est toujours bien présent. Les répondants exposent dans cette enquête la tendance humaine à trouver de « bonnes raisons » pour justifier un comportement, qu’il soit éthique ou non. Les risques de fraude et de corruption restent élevés et certaines entreprises n’arrivent toujours pas à lutter efficacement contre ces risques. ► Plus de la moitié des participants et 61 % d’entre eux dans les marchés à forte croissance estiment que la corruption est largement répandue dans leur pays, mais 42 % des participants déclarent ne pas avoir de politique anti-corruption dans leur entreprise ou ne pas savoir s’il en existe une. ► 37 % des répondants estiment que les résultats financiers des entreprises dans leur marché sont souvent surévalués, et pourtant 20 % d’entre eux estiment que le siège ne comprend pas réellement l’environnement opérationnel dans lequel ils opèrent. Aujourd’hui, la fraude et la corruption sont la plupart du temps détectées à la suite d’alertes émanant directement des collaborateurs. Mais moins d’un quart des personnes sondées déclare avoir à disposition une ligne d’alerte éthique dans leur entreprise. La formation est un outil essentiel pour communiquer les politiques anti-corruption aux employés. Pourtant, plus d’un tiers des personnes interrogées affirment n’avoir reçu aucune formation. Dans un contexte d’interdépendance des marchés, il est très probable que votre entreprise soit en relation d'affaires avec une entité qui ne gère pas efficacement ses risques de fraude, de corruption ou de comportements non éthiques. Voilà une situation à haut risque. Pour atteindre les objectifs de croissance fixés et trouver de nouvelles sources de revenus, les collaborateurs sous forte pression peuvent prendre des risques et adopter des comportements non éthiques. Alors, la forte pression dans la course effrénée à la croissance aboutit-elle inévitablement à des comportements non éthiques ? Les résultats de notre enquête montrent qu’il n’en est rien. Une compliance efficace et de bons standards éthiques pourraient, voire peuvent, favoriser la croissance. Les résultats montrent que les entreprises qui ont connu une hausse de leur chiffre d’affaires au cours des deux dernières années sont davantage perçues comme éthiques par leurs collaborateurs, qu’ils dépendent du siège ou d’une filiale. En outre, ces entreprises ont davantage tendance à mettre en place des politiques de compliance efficaces, et les cadres dirigeants sont plus impliqués dans la surveillance et la gestion des risques de compliance. Peut-on dire que la conjugaison d'une conduite éthique et d'un fort investissement dans le domaine de la compliance contribue à soutenir la croissance ? Les résultats ci-après montrent que la compliance n’est pas un frein à la croissance ou au profit. Au contraire, c’est une condition nécessaire à un développement pérenne des affaires. Les entreprises du secteur financier connaissent particulièrement bien le coût de la non-conformité. Dans le même temps, l'enquête indique que les entreprises de ce secteur sont celles qui mettent le plus de moyens pour se renforcer en matière de compliance et souligne l'effet positif de cet investissement. Les réponses obtenues montrent également que ce sont elles qui font le plus pour développer des politiques anti-corruption et qui bénéficient d'un fort soutien des cadres dirigeants pour adopter des standards éthiques. L'implication des dirigeants, au plus haut niveau, reste l'un des piliers majeurs pour modifier la culture de l'entreprise. Il est désormais courant de parler de l'importance du « tone through the middle » pour illustrer l'impulsion que doivent donner les cadres intermédiaires en matière de compliance. Cependant, le rôle des cadres dirigeants reste essentiel. Mais les résultats de l'enquête montrent que les cadres dirigeants surestiment l'impact de leur communication en faveur de standards éthiques élevés alors que l’efficacité et la pérennité d’un programme de compliance nécessitent une implication forte de leur part. Les entreprises du secteur financier ont montré comment initier un changement en la matière, et elles connaissent aussi l'ampleur de l'investissement nécessaire pour y arriver. Pour la plupart des entreprises, les conditions économiques instables vont perdurer, qu'il s'agisse d'incertitudes politiques, telles que des élections dans les marchés clés, des conflits, ou de l'instabilité sociale. Les sanctions pourront être levées vis-à-vis de certains pays, mais opérer dans ces juridictions sera compliqué et risqué. Dans le même temps, les autorités de régulation cherchent à renforcer leurs moyens et coopèrent avec les autorités nationales d’autres pays pour sanctionner les entreprises qui réussissent leur croissance grâce à la fraude et la corruption. Jouer avec les limites des pratiques commerciales éthiques pourrait en tenter plus d'un. Pourtant, ce n’est pas une stratégie gagnante pour une croissance durable. Nous espérons que cette enquête contribuera à enrichir le dialogue sur ces sujets majeurs, et nous tenons à remercier tous les répondants pour leur précieuse collaboration. David Stulb Responsable mondial Fraud Investigation & Dispute Services Avant-propos
Fraude et corruption, la solution de facilité pour engendrer la croissance ? Page 2 Page 4