Spectacle vivant Paul Rondin Directeur délégué du Festival d’Avignon • Quel impact a le Festival d’Avignon sur votre à des associations de travailleurs sociaux. territoire ? Au-delà des retombées économiques, les Depuis 1947, le Festival d’Avignon est le grand bénéÕces en termes d’image sont essentiels axe politique culturel local et sert de locomotive pour la ville. Il s’agit en soi d’une campagne pour entraîner les projets à ce niveau. Si l’on publicitaire, un festival international comme celui élargit le focus au niveau régional, on constate d’Avignon génère un nombre considérable de l’existence d’une « Silicon Valley culturelle » avec passages et citations télé, radio, presse imprimée de grands événements dans la Provence avec et électronique (500 journalistes sont accrédités Aix, Cannes, Arles, Avignon, Nîmes, etc. C’est une chaque année). Dans une vision touristique excellente chose mais ces initiatives restent hyper patrimoniale, l’atout d’un festival est qu’il concentrées durant la période estivale. renouvelle chaque année par sa programmation Le festival cherche donc à pérenniser son action l’intérêt des sites, il les change et en relance au-delà de cette seule période. Il s’agit pour l’attractivité. nous d’une mission d’intérêt général, la chance • Comment le festival a-t-il intégré les pour la ville et son agglomération de disposer problématiques liées au numérique ? d’un opérateur majeur de la décentralisation Nous avons bien entendu toutes sortes d’outils culturelle, acteur de la démocratisation du savoir numériques de service, de confort pour le public. et d’intégration sociale, qui doit permettre une Nous avons également lancé une WebTV animée dynamique globale en matière de formation et par des journalistes mais réalisée par des jeunes, d’innovation. pour sensibiliser de nouveaux publics desquels • Quelle est l’importance socioéconomique nous nous sentions coupés. Les résultats sont du festival ? assez sidérants, le média image et numérique Le festival dispose d’un budget global de permet à une génération de prêter attention et 14 millions d’euros et génère quelque 25 millions donc de se sentir concernée par des œuvres de d’euros de retombées, soit un ratio de 1,79 : c’est l’esprit qu’elle associait jusqu’alors à l’ennui ou à un générateur économique ! Vingt-neuf personnes l’inaccessibilité. sont salariés permanents auxquels s’ajoutent 750 Mais au-delà de ces initiatives, nous essayons de salariés pendant la période du festival et 1 600 mettre en place des actions structurantes. Nous salariés indirects (via des contrats de cession, les avons donc proposé une FabricA numérique car structures accueillies). Ces effectifs ne couvrent pour nous le numérique est complémentaire de que les activités strictes du festival (donc hors l’image culturelle de la ville dans sa dimension hôtellerie, restauration, transport, etc.). Les innovante. L’alliance du numérique et du culturel commerçants locaux nous rapportent faire 40 fait sens pour partager des moments et des à 50 de leur chiffre d’affaires pendant les trois émotions, il y a une complémentarité. Notre semaines du festival. Notre festival est un acteur projet a d’ailleurs séduit Mons, capitale culturelle majeur de redistribution locale au proÕt de tous, et Technocité ainsi qu’une équipe locale de Terra et bien au-delà du seul secteur culturel. Nous Nova, et nous sommes ainsi candidats auprès faisons fructiÕer des fonds publics en y adjoignant de la French Tech aux côtés d’Arles, Nîmes, des fonds privés dont proÕte l’ensemble de Carpentras, majors et start-up locales nous ont l’économie locale. rejoints dans ce projet devenu depuis « French De plus, dans le cadre des emplois saisonniers, Tech Culture ». C’est un véritable projet fédérateur nous mettons en place une politique de développement économique, une opportunité d’encouragement de l’emploi local en faisant appel incroyable qui séduit de nombreux élus locaux qui nous encouragent et soutiennent. e 40 2 Panorama de l’économie de la culture et de la création en France
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